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Noël est originaire de Paris de la paroisse
Saint-Étienne-du-Mont. Il est le fils de Nicolas et Jeanne
Tardif sur lesquels rien n'est connu.. Il serait né entre 1640
et 1642 car il déclarait avoir 24 ans au recensement de 1666 et
52 en 1681. Sachant que Noël était cordonnier, il a sûrement
appris son métier de son père comme le voulait la coutume de
l'époque. Les circonstances de son immigration demeurent
inconnues.
Il est possible de déduire sur ces circonstances qu'exerçant un
métier, il aurait fait partie des candidats fortement recherchés
étant donnée la pénurie d'ouvriers spécialisées qui existaient
alors. Mais même sans spécialisation, il a pu faire partie d'un
groupe d'une des nombreuses recrues de l'époque. Bien qu'il soit
aussi possible qu'il ait été un engagé, car dans ce cas Noël
serait arrivé en 1658 pour être en mesure d'obtenir une
concession en 1661. Il semble certain qu'il n'était pas
militaire.
En 1661, il était présent en Nouvelle-France puisque il est cité
dans un contrat de concession en date du 2 septembre 1661. S'il
a émigré en 1661, il serait probablement arrivé à bord du
vaisseau de Laurent Poulet qui mouillait dans la rade de Québec
le 22 août de provenance inconnu ou du navire « Le
Saint-Pierre » en rade de Québec le 31 août en provenance de La
Rochelle. Ces deux navires transportaient des passagers. « Le
Taureau », quant à lui, était présent le 24 août, bien qu'il
devait transporter que des marchandises pour la traite et la
pêche, il est aussi possible que Noël ait été passager de ce
bateau. Ces trois navires, partis de France presque
simultanément, sont
les seuls arrivés à Québec en 1661.
Ces navires arrivés en 1661 entre le 22 et le 31 août laissent
très peu de temps entre l'arrivée de Noël et la signature du
contrat de concession du 2 septembre suivant. Il n'a pas eu le
temps de se faire connaître. Bien qu'il soit facile d'obtenir
une concession en Nouvelle-France, elle n'était pas distribué à
tout vent. D'autant que Noël n'était pas majeur et de loin. Il
est plus probable qu'il soit arrivé en 1660 ou avant car le
navire des armateurs Gaigneur et Grignon, réputé transporté des
recrues, a mouillé
à Québec cette année là.
Il a donc vécu au moins cinq années célibataire. Autour de la
vingtaine, il recevait
une concession de Charles-Pierre Legardeur de Villiers le 2
septembre 1661 « He acquired a piece of land with two
arpents of frontage
(dans le
fief de Lotinville où habitait Rousseau) by
a league-and-a-half deep in the rear-fief
of Legardeur at Chateau-Richer on the Beaupre Coast. This land
was located in the place commonly called la Longue Pointe and
bordered that of Symphorien Rousseau. ».
De Villiers devait alors agir comme fondé de pouvoir pour sa
mère.
Le 5 mars 1662, l'ancêtre des Rose achetait la terre de son
voisin, l'ancêtre des Rousseau d'Amérique, dans le fief de
Lotinville
« Noel bought the land belonging to Symphorien Rousseau
for 60 livres. »
Le
notaire Claude Auber consignait la transaction. Cette
transaction échouait car Rousseau revendait le lopin à Pierre
Boucher « This purchase must not have been
completed because Rousseau resold the property to Pierre
Boucher. ».
Le 10 juin suivant, Noël s'engageait
dans un bail à ferme auprès de Pierre Cochon, sieur de La
Fontaine, devant le notaire Claude Auber « Noel took a
lease for three years on the land of Pierre Cauchon dit
Lafontaine, at the Petit-Cap, more precisely to the east of
Sainte-Anne, near the river of the same name. ».
Noël n'ayant pas tenu feu et lieu dans le fief de Lotinville,
très probablement à cause de son bail à ferme, le notaire
Guillaume Audouart transportait
la concession à Claude Descorbiers le 5 novembre de la même
année.
Le 6 février 1663, Noël obtenait
une terre de trois arpents et trois perches de front très
probablement de Charles de Lauson, seigneur de Lirec dans la
futur paroisse de Sainte-Famille à l'île d'Orléans, concession
voisine du chirurgien Claude Bouchard dit Dorval. Cette
propriété était la dernière de la paroisse Saint-Pierre et
occupée par son petit-fils Charles Bouchard en 1709.
Conséquemment, la propriété de Noël correspondait à une portion
de la future concession de Paul Vaillancourt qui se trouvait
être la première propriété de la paroisse Sainte-Famille ou à
celle d'un dénommé Chabot également adjacente à celle de
Bouchard. Les Rose n'habiteront pas cette propriété. Puis le 21
mars 1663, Noël bénéficiait
d'une subrogation de la part de Jacques Dodier.
Dodier lui avait alors cédé
une terre de cinq arpents sur la côte de Beaupré. |
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Le 18 octobre 1665, Noël perdait la terre qui lui avait été
subrogée car elle était alors transportée à Gilles Moulineux par
l'administrateur de la seigneurie, Charles Aubert. Or, Noël n'a
probablement pas su ce qu'il était advenu de cette terre car il
habitait l'île d'Orléans et il avait son projet de mariage en
tête. Probablement occupé à construire une maisonnette avant
l'hiver, il se présentait,
le 20 octobre suivant, probablement chez Marguerite Corriveau,
veuve du sieur René Maheu, devant le notaire Paul Vachon
dit Pomerleau en compagnie de Nicolas Patenostre
et Jean Charet(Choret), tous deux insulaires comme lui, afin de
se faire concéder une terre située dans le fief de la Rivière
Maheu situé dans le sud de l'île d'Orléans. Or les terres
concédées se situaient au nord dans la paroisse Saint-Pierre. Le
recensement de 1667 présente Jean Charet(Choret) et Noël en tant
que voisin immédiat, ce qui confirme que la famille s'était
installée à cet endroit plutôt que sur la concession obtenue par
Noël en 1663.
Marie, baptisée
le 26 février 1646 dans la paroisse Saint-Jean de Rouen aussi
appelé Saint-Jean-sur-Renelle
l'église est aujourd'hui disparue. Elle est
la fille du défunt Michel et d'Isabelle de la Rivière mariés
le 3 février 1641 dans la même paroisse. Elle pourrait être
parente de Mathieu de Montmeynier âgé de 18 ans en 1666 et
domestique du sieur Lagarenne sur son fief de Lotinville où
faut-il le remarquer Symphorien Rousseau avait élu domicile
pendant quelques années. À ce sujet, on retrouve Mathieu de
Montmeynier engagé
par Jean-Baptiste Morin de Rochebelle le 25 février 1668, puis
plus rien dans les archives le concernant. Malheureusement, il a
été impossible d'établir un lien entre Jean-Baptiste Morin et
Guillaume Morin dont il est question plus loin. Charles de
Monmainier, un armurier et serrurier, était son cousin établit à
Beaupré et qui signait le contrat de mariage de Marie avec son
second époux. « Charles de Monmainier, qui signa, d'une
belle écriture, au contrat de mariage de sa cousine avec
François Dumas. Le nom exact de cette femme serait donc de
Monmainier ».
Marie débarquait
à Québec le 30 juin 1664 à bord du vaisseau Le
Saint-Jean-Baptiste-de-Dieppe. Elle apportait
des biens estimés à 200 livres. Elle devait donc se chercher un
époux qui lui plaisait. Elle a donc vécu en communauté avec un
groupe de filles comme elle, surveillée par une chaperonne et
entremetteuse. Cette surveillance avait ses limites, car vers
mars ou avril 1665, elle entrait en contact avec un dénommé
Guillaume Morin. Marie se retrouvait enceinte ce qui
compromettait ces chances de trouver un partie sérieux. Tout de
même, le 12 octobre 1665 elle se retrouvait
devant le notaire Duquet avec un prétendant du nom de Thomas
Granderie. Probablement lorsqu'il a su que Marie allait
enfanter, le contrat était aussitôt annulé. Il se reprenait
avec Denise Cherfou qu'il a épousé par la suite.
Guillaume Morin a sûrement été avisé, si il était encore présent
dans la colonie, qu'il était le père d'une fille que sa mère a
prénommé Julienne lors de son baptême à l'église Notre-Dame le
19 décembre 1665. |
Guillaume Morin et Julienne ne se retrouvent dans
aucun des recensements et pourtant le premier se déroulait que
quelques mois après ces événements. Ce qui laisse croire que le
premier était parti au cours de 1665 et que la seconde n'a pas
survécu jusqu'au recensement de 1666 effectué au printemps.
Peu de temps après la Nouvelle Année, Marie et Noël signait
leur contrat
de mariage le 5 janvier 1666 devant le notaire Romain Becquet et
deux jours plus tard ils étaient
au pied de l'autel. Les nouveaux mariés se retrouvaient donc à
l'île d'Orléans sur la concession obtenue en 1663. Noël ne
semblerait pas avoir mis la terre en valeur car le recensement
de 1666 n'indique rien, ce qui n'est pas significatif
compte-tenu de la qualité de ce recensement. Celui de 1667
mentionne trois arpents en valeurs ce qui présuppose plus d'une
année de travail pour avoir le temps de faire la mise en valeur. |
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Or, une subtile valse de propriétés débutait en 1668. Le 14
avril, Barthélemy Verreau, époux de la fille du roi Marthe
Quitel,
devenait propriétaire d'une terre adjacente à celle que
possédait Nicolas Patenostre dans le fief Lirec.
Verreau, impliqué dans la pêche aux marsouins, échange dans la
même année sa propriété avec celle détenue par
Noël
(probablement la propriété obtenue en
1665 et que la famille Rose habitait car ils déménageaient à
Québec en 1668. Les détails sont présentés à l'illustration
Erreur : source de la référence non trouvée).
Cet
échange était une bonne affaire pour Noël
car la nouvelle
propriété était loué par Paul Vignault dit Laverdure,
ancien soldat de Carignan de la compagnie Maximy. Rose a donc
conservé cette propriété pendant près de huit ans, avant de la
vendre à Nicolas Patenostre, le 10 novembre 1676,
pour la somme de 630 livres. Or, suite au décès de Patenostre en
1679, les paiements cessaient. Cependant Jean Charet (Choret),
son ami, reprenait les paiements pour son compte.
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Le 6 juillet 1670, Noël louait
de Nicolas Devé un corps de logis dans la haute-ville de Québec
moyennant quinze minots de blé par an qu'il devait recevoir de
Paul Vignault dit Laverdure. Il a sûrement vendu la terre
obtenue en 1663 sur laquelle la famille vivait. L'acheteur
pourrait bien être le chaudronnier Robert Vaillancourt dont
l'installation à l'île d'Orléans correspond
au départ des Rose. La famille a donc pu quitter l'île d'Orléans
pour aménager dans la haute ville de Québec près de la petite
rivière Saint-Charles et du couvent des Ursulines. Noël ne
devait pas retiré suffisamment de profits de l'exploitation
agricole pour poursuivre. Il semble avoir opté pour la
cordonnerie. Ce qui expliquerait son retour dans la ville de
Québec la proximité du couvent lui permettait de compter sur une
clientèle plus vaste. Il est plutôt rare de trouver une
illustration (Illustration 4), dans ce cas-ci une
photographie d'une gravure presque contemporaine des faits,
représentant un emplacement décrit dans la requête que Marie
avait présentée en 1688 « […] d'une maison à l'emplacement
en cette haute ville près des Religieuses Ursulines,
[...] ».
Il se pourrait que la maison en question soit une de celles
représentées à droite du couvent.
Donc de 1670 à 1675, la vie se serait déroulée sans histoire à
l'ombre du couvent des Ursulines. Le 7 avril 1675, Noël louait
quatre arpents de terre de Jacques Sevestre situés sur les
plaines d'Abraham par la Grande-Allée.
Puis, le 14 août 1676, un jugement était
rendu contraignant Noël à payer les vingt livres qu'il devait au
taillandier Pierre Normand « Pierre Normand dit LaBriere
complained about an account: 36 livres 10 sols "for labor and
edgetool work that he had done for him (Noel) and for a wheel
hoop that he had provided him". Noel replied that Pierre owed
him for several deliveries of sand, lime and stone, worth 20
livres. Rose paid 20 livres "for balance of all accounts" and
the expenses of the court. So we learn that Noel did manual work
and owned a cart and at least one horse. ».
Cette dette était sûrement liée à ses métiers de cordonnier et
de charretier. La propriété d'au moins un cheval expliquerait
également la location de la terre de Jacques Sevestre, l'année
précédente. Puis le 10 novembre, il vendait la terre de l'île
d'Orléans, obtenue de Verreau en 1668, à
Nicolas Patenostre
pour la somme de 630 livres selon des modalités de paiements
inconnues. |
Noël se retrouvait de nouveau au
Conseil souverain le 4 février 1678, Noël et le procureur
Levasseur qui représentait François Laurent était assigné
pour un procès dans une huitaine. Ils sembleraient avoir résolu
leur conflit car le procès n'a jamais eu lieu. Le premier avril
de la même année, la veuve de Nicolas Marsolet, Marie Lebarbier,
obtenait
jugement contre Noël pour le paiement ou le remplacement d'une
certaine quantité de bois de chauffage. Bien que la famille ne
vivait pas dans l'opulence, les mésaventures financières de Noël
demeuraient épisodiques car elles semblent toutes se manifester
durant une même année. Un peu plus de deux semaines plus tard,
le 19, Noël était condamné
à verser 25 livres au marchand Nicolas Marion, sieur de
Lafontaine. Probablement un des clients de Noël, un nommé
Laurent, était tenu dans le même jugement (impensable
aujourd'hui) à rembourser la somme de vingt sols
qu'il devait à Noël pour l'aider à payer Marion.
L'année n'était pas terminée. Le 18 octobre 1678, Louise de
Monceaux(Mousseau)
femme du cloutier
et marchand, Pierre Pellerin dit Saint-Amand de Trois-Rivières
dont la fille Marie fréquentait
le couvent des Ursulines, assignait
Noël pour des frais liés à des chevaux. La lecture du jugement
nous apprend que le hangar qui abritait les chevaux à brûler et
le demandeur réclamait le dédommagement de ce qui a brûlé et les
peines causées au père Joseph Bourcier du collège de Québec. Ce
qui constituait une somme considérable, réclamée à Noël, soit
plus de 88 livres et le tout avec dépens. Noël se retrouvait
dans une très fâcheuse position. L'affaire n'en restait pas là. |
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Le 4 du mois suivant, coup de théâtre, Noël poursuivait
à son tour les précédents protagonistes et impliquait une tierce
partie. Deux litiges semblent être traités dans cette cause. La
première à trait à une obligation contractée par Noël et qui
semblerait être devenu caduque car Louise de Monceaux (Mousseau)
était condamnée à recevoir le billet de cette obligation. Puis
il est question du jugement contre Noël du 18 octobre. De toute
évidence, il semblerait que le sieur Lechasseur soit le
véritable responsable du gâchis ou le véritable propriétaire des
chevaux. Il était condamné à recevoir le billet tributaire du
jugement. De plus, Noël pouvait garder les chevaux, pour le
temps requis par le sieur Lechasseur de payer la dette qu'il
venait de recevoir. Trois ans plus tard Noël détenait toujours
les chevaux selon le recensement de 1681. La propriété véritable
des chevaux demeure nébuleuse, sachant que Noël semblent être
propriétaire d'au moins un en 1676, il faut croire que non car
c'est ce qui expliquerait pourquoi il a reçu l'autorisation du
tribunal de les garder. Pour faire une histoire courte, Noël
entretenait les chevaux de Lechasseur et les utilisaient pour
son propre compte et/ou celui de Lechasseur. Il a probablement
loué un hangar appartenant à la famille Pellerin qui se
retrouvait incendié et probablement que le père Bourcier se
blessait alors en sauvant les chevaux. Madame Monceaux, pensant
s'adresser au véritable propriétaire des chevaux et locataire de
son hangar, a poursuivi Noël qui n'aurait pas fait valoir ce
point au premier procès et se serait repris au second. Preuve
que la routine prend toujours le dessus, le premier décembre
1678, Noël achetait son bois de chauffage pour l'hiver d'un
dénommé Guillaume Julien « There was a transaction between
Rose and Guillaume Julien for a "cart of cord wood". »,.
L'année suivante, Noël était confronté au défaut de paiement de
Nicolas Patenostre,
alors décédé. Cette crise était résorbée par la reprise
de Jean Charet(Choret).
Cette histoire surprenante n'était pas la dernière. Le premier
août 1681, Noël convenait
d'un contrat d'achat des débris d'une masure près de chez sieur
de Villeray dans la basse ville. Étienne Blanchon dit Larose, un
ancien soldat
de Carignan de la compagnie de Berthier, vendait cette propriété
décrépite quarante livres selon des modalités de paiements très
bien définies. Il ne faut pas oublier que Noël devait détenir
une bonne somme de la vente de sa terre de l'île d'Orléans qui
lui a rapporté des revenus pendant huit ans puisque elle était
affermée.
On peut voir cette propriété sur une carte établit
également par le sieur de Villeneuve sur ordre du marquis de
Denonville le 10 novembre 1685. La masure est située à la lettre
O et la maison de Villeray à la lettre K. La légende indique que
la ruine appartenait au notaire Rageot et qu'il n'a pas rebâti
cet emplacement après l'incendie
de 1682. Il existait une autre ruine à la lettre V appartenant à
Talon. Donc la seule ruine située près de la maison de Villeray
est située à la lettre O. C'est ce qu'aurait acheté Noël de
Étienne Blanchon. Comment ce dernier l'a-t-il obtenu de Rageot?
Sûrement pour un prix inférieur à celui auquel il a vendu et
c'est le notaire Rageot lui-même qui a dressé l'acte de vente
entre les parties « Vente d'une vieille maison par Etienne
Blanchon Larose à Noël Rozé. Acte de Rageot. (No 148).. »
Il est aussi possible de croire que Blanchon a agi comme agent
de Rageot, ce qui ne semble pas être le cas selon ce qui suit.
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Ce contrat de vente était joint à un exploit en date du 31
décembre 1697, requis par Jean-Baptiste Mourmeliers (Monmelian)
au nom de sa femme Marie (Hélène) Juineau Lamy, fille aînée
de Jean et de Anne Vuideau. Cette dernière se remariait à
Blanchon en 1676 soit quelques années avant la transaction et
les enfants de son premier lit avait été acceptés dans le
second. Hélène Juineau se prétendait donc héritière de son
beau-père repartit
en France par l'union de ce dernier avec sa mère. Il est tout à
fait plausible que Hélène ait entendu parler de cette
transaction par ses parents et qu'il y avait probablement un
vice juridique à exploiter. Car la transaction semble être
demeurée inconnue des véritables héritiers et Anne Vuideau comme
sa fille n'étaient pas sans savoir que Noël était décédé depuis
un bon moment lorsque les démarches judiciaires ont été
entreprises. Or, les projets de construction que sous-tend le
plan rendait l'emplacement attrayant pour des investisseurs et
être propriétaire, surtout par héritage, d'un tel emplacement
permettait d'envisager un profit substantiel. Il semblerait que
cette démarche judiciaire se soit réglée hors cour car la
conclusion demeure inconnue. |
Or, Noël s'éteignait prématurément entre le 3 décembre 1685 et
le 25 novembre 1687 très probablement à Québec. Marie avec de
très jeunes enfants sur les bras et repartait à la conquête d'un
nouveau parti. Peut-être avec l'aide de son cousin Charles dont
le métier d'arquebusier lui permettait sûrement de rencontrer
des militaires, Marie dénichait
le très jeune François Dumas, soldat de la garde du marquis de
Denonville originaire de Paris
et il est dit
interprète en langue iroquoise ce qui est erronée
car elle provient d'un homonyme référé par Tanguay et qui n'a
rien à voir avec Marie. Son cousin Charles signait
d'ailleurs le contrat de mariage fait devant le notaire Gilles
Rageot le 5 novembre 1687. Puis le mariage était célébré le 25
du même mois en l'église Notre-Dame à Québec. |
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Le 11 octobre 1688, ils déposaient
une requête au Conseil souverain pour obtenir la permission de
vendre la portion indivise de la maison familiale de la haute
ville près du couvent des Ursulines afin d'utiliser le produit
de la vente pour réaliser leur retour en France avec les plus
jeunes enfants. Elle justifiait sa requête par « […] étant
par sa pauvreté dans la nécessité de faire ladite vente, ne
pouvant subsister en ce pays. [...] »
Le 18 octobre suivant, l'intendant Jean Bochart de Champigny
autorisait le départ et la vente de la maison et du corral
attenant pour que Marie puisse toucher sa part et l'autre moitié
était réservée en guise d'héritage aux enfants qui restaient. Le
nouvel acquéreur se verrait tenu de payer six livres aux
religieuses Hospitalières. Le document indique qu'elle devait
emmener avec elle son fils François et sa fille Jeanne tous deux
âgées de moins de cinq ans. Elle laissait les autres car ils
étaient en mesure de gagner leur vie. Or Charles, le plus jeune
enfant devant resté, n'avait pas encore ses dix ans.
Le jugement ne fait aucune allusion à la masure de la basse
ville de Québec alors que l'exploit de 1697 stipule bien que la
propriété est liée à Noël. Alors, il faut en déduire qu'aucun
membre de la famille de l'acheteur était au courant de
l'existence de cette propriété ou qu'il ne détenait aucun droit
en vertu d'une considération d'ordre légale. Le règlement
extrajudiciaire ne permet pas de savoir si la famille Rose a été
impliquée dans le règlement. Tout indique que non.
Marie et son époux sont-ils retournés en France? Pas avant le 20
juillet 1690 car une enfant dénommée Marguerite était baptisée
à l'église Notre-Dame. Les enfants visés par le jugement n'ont
pas quitté la colonie et ont fondé une famille. Était-ce un
artifice pour pouvoir vendre? Car le prétexte de la pauvreté
apparaît tout fait relatif car disposer d'une maison et d'un
corral s'était posséder beaucoup plus que plusieurs compatriotes
de l'époque. Toujours est-il que l'on n'a plus entendu parler
d'eux après le baptême de 1690.
Puisqu'ils détenaient l'autorisation de retourner en France,
rien de légale ne les empêchaient de le faire. En 1690, les
enfants de Noël identifiés pour partir avec leur mère n'était
sûrement pas plus capable de gagner leur vie que deux ans plutôt
et preuves existent qu'ils sont restés. Les conditions
économiques en France n'étaient pas réputées meilleures. Marie
vivait en Nouvelle-France depuis plus de vingt-cinq ans et le
couple n'était pas victime d'ostracisme social. Le coût d'un
voyage de retour n'était pas donné non plus et il aurait fallu
se réinstaller en France très probablement dans la belle-famille
qu'elle ne connaissait pas. Il apparaît possible mais peu
probable qu'ils soient partis.
Voir ici
la transcription de l'acte du 11 octobre 1688
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Descendance:
Julienne Morin:
Enfant naturel de Marie et d'un dénommé Guillaume Morin,
baptisée le 19 décembre 1665 à Québec, elle serait
vraisemblablement décédée avant le printemps 1666 à Québec ou à
l'île d'Orléans.
Marie:
Née le 17 et baptisée le 22 décembre 1666 dans la paroisse
Sainte-Famille à l'île d'Orléans, elle épousait le jardinier
Jean Turcot (~1643-1729) le 12 janvier 1688 à Québec. La famille
comportait au moins cinq enfants tous élevés à Québec. Elle
décédait le 19 juin 1711 et était inhumée le lendemain à
Charlesbourg dans la ville de Québec.
Pierre:
Né le 17 et baptisée le 20 janvier 1669 dans la paroisse
Sainte-Famille à l'île d'Orléans, il serait devenu marchand sur
la rue Saint-Paul à Montréal et il décédait, sans descendance
connue, d'une maladie pulmonaire le 13 février 1702 pour être
inhumé le lendemain
"Il quitte Québec pour Montréal où il devient marchand rue
Saint-Paul. Pierre souffrait d'une maladie des poumons et il a
reçu des soins du chirurgien Dominique Thaumur, sieur de
LaSource. Son état s'est aggravé. Par l'entremise de Paul
Lemoine, sieur de Maricourt, il a demandé les services d'une
infirmière iroquoise, Marie Chambly. Après un mois et demi, il
mourut le 12 février 1702. Pierre promit d'habiller la femme
amérindienne à la française de la tête aux pieds. Marie Chambly
a plaidé sa cause devant la cour et a gagné."He
left Quebec for Montreal where he became a merchant on rue
Saint-Paul. Pierre suffered an illness of the lungs and he
received care from the surgeon Dominique Thaumur, Sieur de
LaSource. His condition worsened. Through Paul Lemoine, Sieur de
Maricourt, he requested services of an Iroquois nurse, Marie
Chambly. After a month and a half, he died on 12 feb 1702.
Pierre promised to dress the Amerindian woman in the French
style from head to toe. Marie Chambly pleaded her case before
the court and won. »
Joseph:
Né le 17 et baptisée le 19 novembre 1670 dans la haute ville de
Québec, il était inhumé le 11 février 1671.
Pierre: Né et
baptisé le 21 février 1672 dans la haute ville de Québec.
Contrairement à ce que j'avais indiqué, il n'est pas décédé dans
sa prime enfance. Il est plutôt dit absent du pays selon un
contrat du 17 novembre 1706 passé devant le notaire Chambalon
concernant la succession de son frère ainé Pierre. En fait, il
se serait expatrié dans les pays d'en Haut. Puisqu'il a été
traité comme personne vivante dans ce contrat, il faut croire
que la famille possédait une preuve de vie. J’émets l'hypothèse
qu'il exerçait le métier de coureur des bois ce qui permet de
croire qu'il revenait au moins occasionnellement vendre le
produit de sa chasse et voir sa famille. Son défunt frère était
marchand, il est donc possible qu'il ait été son principal
acheteur sur une entente de gré à gré. A-t-il cessé de revenir
des pays d'en Haut, suite au décès de son frère, faute
d'acheteur fiable? Sa destinée demeure inconnue. Pour plus de
détails veuillez consulter le lien en référence.
https://www.danielrose537.com/les-2-pierre
Nicolas:
Né et baptisé le 26 août 1674 dans la haute ville de Québec, il
devenait
apprenti pâtissier chez Nicolas Droisy le 6 septembre 1685 à
Québec. Il épousait Marie-Josèphe Prud'homme(1696-1723) le
premier février 1722 à Montréal, petite-fille de l'honorable
Louis,
brasseur et premier capitaine de milice de Montréal. Le
chirurgien Dominique Thaumur, cité plus haut, était le gendre de
Louis Prud'homme. La famille de Nicolas était installé à
Montréal et composée d'une seule enfant décédée en bas âge. Il
décédait
à Montréal, sans descendance connue, le 3 janvier 1746 et était
inhumé le lendemain.
Nicolas: Né et baptisé le 26 août 1674 dans la haute
ville de Québec, il devenait
apprenti pâtissier chez Nicolas Droisy le 6 septembre 1685 à
Québec. Il épousait Marie-Josèphe Prud'homme(1696-1723) le
premier février 1722 à Montréal, petite-fille de l'honorable
Louis,
brasseur et premier capitaine de milice de Montréal. Le
chirurgien Dominique Thaumur, cité plus haut, était le gendre de
Louis Prud'homme. La famille de Nicolas était installé à
Montréal et composée d'une seule enfant décédée en bas âge.
Nicolas était
un voyageur très actif ayant obtenu plusieurs engagements et
permissions pour se rendre dans les Pays-d'en-Haut. Il décédait
à Montréal, sans descendance connue, le 3 janvier 1746 et était
inhumé le lendemain.
Marie-Françoise:
Née et baptisée le 26 février 1677 dans la haute ville de
Québec, elle épousait Jacques Lepage (1667-1712) le 2 août 1694
à Québec. Famille d'au moins quatre enfants, établit à
Charlesbourg. Elle décédait le 26 mars 1711 à Charlesbourg et
était inhumée le lendemain.
Charles-Guillaume:
Né et baptisé le 12 octobre 1679 dans la haute ville de Québec,
il épousait
Marie Patenostre (1686-1737)
le 29
juillet 1704 à Québec. La famille quittait Québec vers 1718 pour
s'établir à la côte Saint-Michel à Montréal. Il exerçait le
métier de voyageur. Ils étaient les parents de dix-sept enfants
dont cinq décédés en bas âge. Il décédait le 29 juillet 1745 à
Saint-Vincent-de-Paul sur l'île Jésus et était inhumé le
lendemain. Il est un ancêtre de la famille Thérien.
Charles-François:
Né et baptisé le 18 avril 1683 dans la haute ville de Québec, il
épousait Marie-Thérèse Dubau (1706-1725) à Montréal le 3
novembre 1723. Comme son frère Nicolas, il était père d'une
enfant décédée en bas âge. Il mourrait, sans descendance connue,
le 10 février 1758 à Saint-Vincent-de-Paul sur l'île Jésus et
était inhumé le lendemain.
Marie-Jeanne:
Née le 3 décembre 1685 dans la haute ville de Québec et baptisée
le lendemain, elle épousait René-Louis Jobin (1679-1725) à
Québec. La famille qui était établie à Charlesbourg comptait au
moins onze enfants. Elle décédait là où elle avait vécu le 19
mai 1756 et était inhumée le lendemain.
Marguerite Dumas:
Baptisée le 20 juillet 1690 à Québec son destin demeure inconnu. |
Références:
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