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Antoine est originaire de La Rochelle et serait
né vers 1644 dans la paroisse Saint-Nicolas, Fils de
Mathurin et de Marie Brunet, il a quitté la maison familiale
très tôt pour immigrer en Nouvelle-France. Il se serait
engagé comme domestique des Sulpiciens en 1662 et serait demeuré
très proche de son employeur une fois libéré de son engagement.
Les Sulpiciens, seigneur de l'île de Montréal accordait à
Antoine une concession qui lui permettra
de devenir un important producteur agricole.
Françoise est
la fille de Abel et de Marie Simiot. Comme l'atteste
l'acte de mariage, ses parents s'étaient mariés le 23
janvier 1642 dans la paroisse Saint-Barthélémi de La Rochelle.
Ses grands-parents maternels étaient Mathurin Moisan et Jeanne
Coustu et maternels Charles Simiot et Marie Cholet. Elle serait
née vers 1645 dans la même paroisse. Rien n'est connu sur son
enfance mais la proximité du port de La Rochelle ne serait pas
étrangère à la décision qu'elle prendra. En 1663, peut-être
orpheline et âgée d'environ 18 ans, elle s'embarquati
dans le port de La Rochelle, à bord du Le Phoenix de
Flessingue à destination de la Nouvelle-France à titre de fille
du roi. Elle débarquait
à Québec le 30 juin 1663 bien décidée de profiter des
opportunités qu'offrait une terre où tout était à construire.
Elle prouvera qu'elle est l'archétype de la femme d'affaires qui
n'a pas froid aux yeux et qui sait utiliser son environnement
pour l'exploiter à son avantage.
Le 19 octobre suivant Antoine et Françoise signaient
leur contrat de mariage devant le notaire Jean Gloria
à Québec. Il se mariait quatre jours plus tard dans la paroisse
Notre-Dame de Montréal.
Il semblerait que Antoine aurait obtenu des Sulpiciens une
concession importante sur la côte Saint-François située hors du
fort de Montréal. Ce qui permet de le croire repose sur le fait
que l'activité agricole de grande envergure ne pouvait pas se
développer à l'intérieur des limites du fort, faute d'espace, et
en ce qui concerne Antoine un procès-verbal de bornage dressé
par l'arpenteur Gilbert Barbier se tenait
le 2 mai 1684 à la requête de François Dollier de Casson,
supérieur des Sulpiciens, seigneur et ancien employeur
d'Antoine, concernant les limites des terres du sieur Aubuchon
et celle d'Antoine, terres situées sur la côte Saint-François.
Antoine avait sûrement construit à cet endroit une petite maison
peu avant les épousailles. |
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Antoine devait disposer d'un bon capital, car le 12 décembre
1663, le couple achetait
la propriété de Pierre Lorrain dit Lachapelle et de
son épouse Françoise Saulnier dite Duverdier qui épousera en
1697 Bernard Dumouchel dit Laroche.
Le lot acheté était
situé du côté sud de la rue Saint-Paul près de l'intersection
avec la rue Saint-Denis. Ce lot marquait alors la limite du
développement urbain à l'est de la rue Saint-Paul. La propriété
était une maison neuve de pierre de 559 pieds
carrés français y avait été construite par le précédent
propriétaire le printemps précédent. La maison était voisine,
sur le même lot, de celle du menuisier Jean Chaperon et du
cultivateur Mathurin Lorion. Aussitôt acheté, aussitôt loué aux
précédents propriétaires. Comme la maison n'a pas servi
immédiatement de logis au couple, il devait forcément habiter
ailleurs soit très possiblement sur la propriété de la côte
Saint-François.
Antoine
et Françoise auraient habité la maison à compter du 1er
septembre 1664 suite au départ des locataires. C'était dans
cette période que Françoise devenait alors enceinte de son fils
aîné François. Ce serait également dans cette maison que Marie
serait née Le 16 septembre 1668, ils louaient
de nouveau cette maison aux chirurgiens Jean Roussel de la
Roussellière de la compagnie la Frédière et René Sauvageau dit
Maisonneuve de la compagnie Dugué du régiment de Carignan qui
étaient alors démobilisés.
Il est possible que ces deux anciens militaires aient ouvert une
clinique à cette adresse.
Antoine et Françoise aurait occupé de nouveau le logement à
compter du 16 septembre 1669. Françoise venait tout juste
d'accoucher de Catherine sa troisième enfant. Les jumelles
Catherine et Élisabeth verront le jour dans cette maison. Durant
cette période, Antoine s'affairait à développer son exploitation
agricole aider de Françoise qui devait l'aider à vendre les
produits au marché. Ce contact de Françoise avec les affaires a
certainement contribué à faire germer l'idée qu'elle pourrait
exploiter sa propre affaire.
Le 11 juin 1676, le couple vendait cette propriété à Pierre
Perthuis dit Lalime, lui aussi ancien soldat de la compagnie de
Salières du régiment de Carignan devenu un important négociant
commercial. Cet achat de Perthuis marquait son établissement à
Montréal, car il achètera par la suite, plusieurs autres
propriétés qu'il trouvait intéressantes pour ses affaires. Cet
achat marque également sa rencontre avec Françoise qu'il
épousera en 1707. |
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Il
faudra près de cinq ans avant que la famille Brunet devienne de
nouveau propriétaire dans l'enceinte du fort. Françoise avait,
entre-temps, accouché de son dernier enfant. Le 4 janvier 1681,
Antoine obtenait une nouvelle concession des Sulpiciens soit un
terrain de 12891 pieds carrés français portant le numéro de lot
199 situé du côté nord de la rue Saint-Paul entre les rues
Saint-Charles et Bonsecours. Il avait pour voisin l'habitation
du juge seigneurial sieur Charles-Henri dit Joseph-Charles d'
Ailleboust des Musseaux, le terrain du serrurier Louis Loisel et
du marchand Claude Robutel de Saint-André. Ce serait à cet
endroit que Jean Patenostre
et leur fille cadette Marie se seraient rencontrés pour la
première fois. Antoine a sûrement utilisé ce terrain afin de
vendre ses produits car depuis 1678 il était interdit de faire
commerce sur les terres.
Moins d'un mois après le mariage de sa fille cadette Marie soit
le 15 novembre 1683, Antoine subdivisait le terrain en moitié et
vendait le lot devenu 199A au cultivateur Pierre Chaperon.
Antoine conservait donc 6350 pieds carrés français. Il avait
alors comme voisins outre tous ceux déjà énumérés, le boulanger
Jean-François Blot. |
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En 1685, Catherine s'unissait à Pierre Pastenostre à Montréal,
frère de Jean. En 1686, Antoine et Françoise perdait leur fille
Marie des suites d'un accouchement difficile à Laprairie. En
1688, leur fils aîné François se mariait à Boucherville. Le 7
avril 1692, Antoine vendait son terrain de la rue Saint-Paul, le
lot 199B à Nicolas Jetté.
L'année
suivante, soit le 10 octobre 1693, Antoine louait
probablement une pièce de la maison de 329 pieds carrés français
appartenant à André Jarret dit Beauregard située sur le lot
181CC soit du côté est de la rue Saint-Jean-Baptiste entre le
rues Saint-Paul et Notre-Dame.. Cette location se prolongera
au-delà de 1704 et d'autres locataires s'ajouteront au fil du
temps. Ce lot comportait
plusieurs éléments à louer simultanément. Cette location a très
probablement été faite pour remplacer le terrain de la rue
Saint-Paul vendu l'année précédente. Françoise était
veuve
en ou vers 1695. Ce qui est certain c'est que Françoise louait
le 29
avril 1694 probablement une des deux maisons situées sur les
lots 179 et 180. La description disponible sur le site Adhémar
fait état d'édifices religieux et de leurs dépendances ainsi que
de 2 maisons. Une maison de 398 pieds carrés français et une
autre plus grande de 751 pieds carrés français avec sa
dépendance. Reporté sur la carte de Gaspard-Joseph Chaussegros
de Léry de 1725 de l'illustration 5, il est possible de
retrouver la petite maison en A et la seconde avec sa dépendance
en B. La location faite par Antoine en 1693 est également
indiqué en C.
Il est
nécessaire de préciser que si Françoise a pu louer en son propre
nom c'est qu'elle pouvait prétendre agir au nom de son mari
devenu incapable ou elle était fraîchement devenue veuve. La
location apparaît logique car elle se situe à proximité de
l'édifice loué par Antoine en 1693. Ce qui demeure inconnue
c'est le but poursuivi par Françoise. Si elle voulait tout
simplement se loger en ville elle aurait alors louer la petite
maison Sinon, si elle voulait démarrer un hôtel avec cabaret,
elle aurait alors louer la plus grande maison avec sa
dépendance. La première hypothèse est renforcée par la proximité
de l'hôpital où pouvait se trouver Antoine et par le fait que
Françoise louait,
le 15 septembre 1694 de Pierre Pinguet de Montigny fils, une
maison de bois d'un étage de 547 pieds carrés français située au
nord de la rue Saint-Paul près de la place du Marché sur le lot
141, endroit idéal pour y installer un cabaret. La seconde
hypothèse est affaiblie par le fait que le propriétaire qui
était alors la Congrégation de Notre-Dame n'aurait certainement
pas toléré ce genre de commerce sur ses terrains. Un examen plus
attentif des titres montrent que malgré un bail sur le lot 141
se terminant l'année suivante, il est clairement indiqué qu'elle
occupait l'endroit au-delà de 1704. De plus, Françoise louait
vers le 5 juillet 1698 du notaire Bénigne Basset dit
Deslauriers, bail reconduit par les héritiers de ce dernier, un
terrain situé sur le lot 25 au nord de la rue Capitale également
près de la place du Marché, terrain qu'elle conservait également
au-delà de 1704. |
Conséquemment il est possible de conclure que Françoise à bel et
bien exploité son cabaret sur le lot 141 et qu'il est fort
probable que lors de la location du lot 141 Antoine était décédé
car il apparaît certain qu'Antoine se serait opposé à pareil
projet vu ses liens étroits avec les Sulpiciens. Antoine serait
donc décédé entre le 29 avril et le 3 juillet 1694. Cette
période est certaine car Françoise est déclarée veuve lors de
l'instruction du procès du sergent Jacques Baudry, chirurgien de
la compagnie de Crisafy qui a débuté
le 3 juillet 1694. Le règlement de la succession
d'Antoine serait à l'origine de cet événement. Françoise aurait
été flouée par Jacques Baudry qui aurait utilisé la fausse
monnaie lors la vente de liquidation des actifs de la
succession. Françoise se serait aperçue s'être faite bernée
lorsqu'elle échangeait ses vieilles cartes à jouer, qui servait
de monnaie à l'époque, pour des neuves par ordre de l'intendant.
Il faut croire que le nombre de fausses cartes étaient suffisant
pour identifier plusieurs suspects dont principalement Baudry.
Ces jumelles étaient d'ailleurs citées comme témoin lors du
dépôt de la plainte de Françoise. Ici, il faut reconnaître que
Françoise n'avait pas froid aux yeux. Une personne accusée
d'usage de faux risquait alors la peine de mort. Bien que
Françoise n'ait pas eu le choix de dénoncer pour éviter
elle-même d'être accusée, il demeure qu'elle a impliqué
plusieurs personnes qui avait fait affaires avec elle. L'issue
du procès et la perte encourue par Françoise demeurent
inconnues. Toujours est-il que cette mésaventure n'empêchait pas
Françoise d'agir. |
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Aidée
de ses trois filles qui n'étaient pas encore mariées et du
capital obtenu de la succession, elle emménageait donc un
cabaret et probablement un restaurant à l'endroit loué sur la
rue Saint-Paul. Elle habitait très probablement le logement loué
par Antoine en 1693 situé du côté est de la rue
Saint-Jean-Baptiste entre les rues Saint-Paul et Notre-Dame à
tout au plus dix minutes de marche du cabaret. Les données
indiquent qu'elle a conservé le loyer au-delà de 1704.
En
1699, son gendre Jean Patenostre décédait à Montréal laissant sa
petite-fille orpheline sans famille. Elle déposait
une requête et devenait par la suite tutrice de sa petite-fille
alors âgée de treize ans. Les enfants du second lit de son
gendre étaient confiés à son frère Charles demeurant à
Laprairie.
En
1701, tous les permis de taverne étaient
révoqués à cause des ventes illicites d'eau-de-vie aux
Amérindiens; de nouveaux certificats de moralité et de bonne
conduite étaient alors exigés. Cette révocation ne serait pas
étrangère à la signature du Traité de Montréal qui mettait une
fin définitive aux attaques iroquoises. Françoise aurait obtenu
sans problèmes apparents un nouveau certificat. |
Le 13
février 1707, elle convolait
avec
très probablement un de ses meilleurs clients Pierre Perthuis
dit Lalime. Ancien soldat
de la compagnie de Salières du régiment de Carignan, Pierre
Perthuis avait débuté ses transactions immobilières en achetant,
en 1676, la maison d'Antoine et de Françoise sur la rue
Saint-Paul. Il était devenu, au fil du temps, un important
négociant de pelleteries procédant fréquemment à l'engagement de
voyageurs. Il était un spéculateur immobilier brassant des
affaires très probablement sur la place du Marché et fréquentant
pour ses affaires le cabaret de Françoise. En ce 13 février, le
couple avait signé leur contrat de mariage peu avant la
cérémonie devant le notaire Antoine Adhémar dit Saint-Martin.
Étaient présents:
Claude Caron probablement un ami commun du couple, Urbain
Gervaise et Louis Lefebvre gendres de Pierre, Louis Lebeau
gendre de Françoise et le célébrant le curé Priat. Le Grand
Vicaire François Vachon Debelmont avait précédemment accordé au
couple une dispense de deux bans. Le contrat de mariage précise
également que Pierre Perthuis n'a pas pu signé à cause de son
aveuglement. Ce dernier devait souffrit du diabète qui était à
l'époque une maladie inconnue et incurable. Pierre a très
probablement succombé à cette maladie le 16 avril 1708 à
Montréal.
Françoise a soit prise sa retraite après son mariage ou a
poursuivi tant que sa santé le lui permettait. Elle se serait
installée chez sa fille Marguerite à Verchères où elle serait
décédée. Son décès aurait été enregistré à Contrecœur.
Considérée mineure par la loi, contrainte d'avoir tous les
enfants sans avoir un mot à dire et ce au péril de sa vie. Elle
était seulement qualifier pour prendre soin de sa famille dans
un rôle effacé de support. Il est difficile de mieux décrire ce
qu'est un carcan. Plusieurs hommes seulement confrontés à une
vie difficile sombrait dans l'alcool, Chose qu'une femme n'avait
surtout pas le droit de faire. La société comprenait l'homme
mais pas la femme, c'était inadmissible pour elle. Françoise est
la preuve que certaines pouvaient s'en sortir sans s'en
affranchir. Veuve, Françoise a démontré qu'elle savait
entreprendre de prendre sa place au soleil. Ce n'est qu'une
évolution très récente de la société qui reconnaît à la femme sa
pleine égalité et malgré tout il reste du chemin à parcourir. |
Descendance:
François:
Né le 17 mars 1665 à Montréal, il épousait le 15 novembre 1688 à
Boucherville Marie-Anne Ménard dite Fontaine (1671-1710). La famille
s'installait à Montréal puis à Laval dans la paroisse
Saint-François-de-Sales et comptait au moins 6 enfants. François se
remariait le 27 juillet 1715 à Laval dans la paroisse
Saint-François-de-Sales avec Marie-Antoine Renaud (~1682-1750) dite
Locas, union sans postérité connue. François s'éteignait à Terrebonne le
13 juillet 1739.
Marie-Françoise:
Baptisée le 26 avril 1667 dans la paroisse Notre-Dame de Montréal, elle
épousait le menuisier Jean Patenostre
le 25 octobre 1683 dans la paroisse Notre-Dame de Montréal. Famille
installée à Laprairie, 2 enfants. Marie-Françoise mourait des suites de
l'accouchement de Marie, ancêtre des Thérien, entre le 7 avril et le 10
décembre 1686.
Catherine:
Baptisée le 25 août 1669 dans la paroisse Notre-Dame de Montréal, elle
épousait dans la même paroisse le 25 novembre 1685 le voyageur et
cultivateur Pierre Patenaude (1658-1715) frère de Jean. Famille d'abord
installée à Montréal puis à Longueuil, au moins 6 enfants. Catherine
s'éteignait à Montréal le 27 juillet 1732.
Antoine:
Né à Montréal le 6 juillet 1672, il était décédé au recensement de 1681.
Sans postérité connue.
Geneviève:
Baptisée le 23 juillet 1674 dans la paroisse Notre-Dame de Montréal en
même temps que sa jumelle Élisabeth, elle épousait en première noce le 4
juin 1695 dans la même paroisse Louis Tétreault (~1669-1699). Sans
postérité connue. Elle se mariait en seconde noce le 8 février 1705
toujours dans la même paroisse avec le menuisier Louis Bau(Lebeau) dit
Lalouette (~1677-1713). Famille installée à Montréal au moins 1 enfant.
Marguerite était inhumée à Montréal le 17 décembre 1706.
Élisabeth:
Baptisée le 23 juillet 1674 dans la paroisse Notre-Dame de Montréal en
même temps que sa jumelle Geneviève, elle épousait le 22 septembre 1696
dans la même paroisse le maître-charpentier Robert Rhéaume (1668-1744)
qui fera dans le commerce des pelleteries en tant qu'engagé et engageur.
Famille installée à Laval sans la paroisse Saint-Vincent-de-Paul au
moins 8 enfants. Élisabeth s'éteignait là où elle était installée le 19
juillet 1748.
Marguerinte:
Née le 16 avril 1679 et baptisée le même jour dans la paroisse
Notre-Dame de Montréal, elle épousait le 15 octobre 1698 dans la même
paroisse, Jacques Tétreault (~1672-1741) frère de Louis, époux de sa
sœur Geneviève. Famille installée à Verchères, au moins 5 enfants.
Barbe-Angélique:
Née le 18 juin 1682 à Montréal. Destinée inconnue.
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